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Christine Manadi, directrice IME de Soubiran

Questions à Christine Manadi, directrice de l’IME de Soubiran : « Dans cette crise, il faut savoir où placer le curseur avec chaque famille, dans le respect de l’autre»

Jeudi 14 mai 2020
Christine Manadi est directrice d’un institut médico-éducatif (IME), d’un service d’éducation spéciale et d’aide à domicile (SESSAD) et de trois dispositifs d’accompagnement à la scolarité. Ses établissements ont en commun le fait d’être spécialisés dans les troubles du spectre de l’autisme et d’être situés dans le département de la Seine-Saint-Denis. Elle nous parle de la crise du COVID et comment elle organise le retour des jeunes et des enfants, notamment dans l’IME de Soubiran, à Villepinte, qui accompagne 45 enfants et jeunes.

1) Comment s’est passée la période de confinement à l’IME de Soubiran ?

Christine Manadi : A l’IME de Soubiran, la partie externat a été fermée dès l’annonce du confinement. Pour les 11 enfants et jeunes de l’internat, nous avons demandé à chaque famille, si elle souhaitait que leur enfant reste à l’IME ou qu’il rentre chez eux. Quatre familles ont voulu que leur enfant reste chez nous. Les autres ont opté pour un retour à la maison.

Nous avons tout de suite réfléchi d’une façon pluridisciplinaire sur comment se répartir les rôles et les missions de chacun afin d’accompagner les familles et les enfants à distance.

Nous avons mis en place le soutien à la parentalité au moins une fois par semaine, selon les demandes des familles. Nos équipes ont créé des supports vidéo et papier selon le centre d’intérêt et les capacités de chaque enfant.

Nous avons également fait appel à des interprètes pour pouvoir communiquer par téléphone avec certaines familles qui ne maîtrisaient pas le français.

Pour les enfants et les jeunes ayant des troubles du spectre de l’autisme, il est fondamental d’avoir des repères clairs. Notre accompagnement a consisté notamment à aider les familles à créer un emploi du temps, structurer la journée et établir des rituels et des routines.

2)  Et les enfants de l’internat ?

CM : En plus des quatre enfants qui étaient déjà  à l’IME, nous avons accueilli 6 autres jeunes en situation complexe issus d’autres établissements pour lesquels le maintien à domicile était trop difficile. Quatre jeunes nous ont été adressés par d’autres établissements de l’association Vivre et devenir qui ont dû fermer et deux autres par un autre IME et un autre SESSAD du département de la Seine-Saint-Denis.

Ces jeunes ont été accueillis très rapidement, sans passer par une phase d’adaptation. L’intégration s’est bien passée car, nous avions un taux d’encadrement d’un adulte par enfant et que les familles et les référents des établissements d’origine se sont beaucoup investis. Ils nous ont aidés à comprendre les besoins et les goûts des jeunes en un temps record. Les professionnels des autres établissements sont venus à l’IME de Soubiran et cela a créé de belles rencontres.

3) Comment vous préparez le déconfinement ?

CM : Le plan de déconfinement est le fruit d’un travail d’équipe pluridisciplinaire. Lundi dernier, les six enfants des autres établissements sont rentrés chez eux. Cette semaine, nous mettons tout en place pour accueillir les jeunes dès le lundi 18 mai.

Nous allons accueillir en internat les enfants de toutes les familles qui l’ont souhaité. En tout, à partir de lundi, nous aurons 7 enfants sur les 11 places de l’internat.

Pour la partie externat, 20 enfants sur 33 reprennent dès lundi. Les critères de retour ont été le souhait des familles, la complexité de la situation au domicile et la condition sociale des familles.

Pour les enfants qui restent à la maison, nous continuons le suivi par téléphone et nous proposons aussi aux familles qui le souhaitent des visites à domicile.

4) Quelles mesures de sécurité allez-vous mettre en place ?

Les protocoles de l’agence régionale de santé ont été transmis à notre médecin et à notre infirmier.

Notre infirmer a sensibilisé et montré les bons gestes à l’ensemble des équipes. . Nous avons mis en place des feuilles d’émargement pour tracer le nettoyage fréquent des lieux.

Les enfants seront divisés en groupes de deux ou trois au maximum et les groupes ne se croiseront pas.

Les enfants de l’internat seront testés à leur arrivée à l’IME et resteront dans une unité à part, jusqu’aux résultats. Si le résultat est positif, ils retournent dans leur famille. Si le résultat est négatif, ils intègrent leur unité. Ils ne pourront pas rentrer chez eux dans un premier moment. En revanche, nous avons organisé des modalités de visite des familles.

5) Quels sont les principaux enseignements de cette crise sanitaire pour vous ?

J’aimerais remercier les professionnels dévoués de corps et âme aux enfants et qui ont su vaincre leurs peurs et inquiétudes.  Cette crise a permis une autre manière de travailler, avec des relations plus proches et des échanges très riches avec des collègues d’autres établissements.

Il y a eu aussi le développement des supports à la maison (vidéos, papier), que j’aimerais garder ensuite.  Par exemple : pour accompagner les familles pendant la période des grandes vacances d’été, qui peuvent être difficiles pour les parents d’un enfant autiste.

Je pense que nous avons renforcé nos liens avec les parents. Le plus important dans cette période était de respecter leur souhait. Il fallait trouver la juste mesure, savoir où mettre le curseur en fonction de chaque famille, dans le respect de l’autre.