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Amal Chouitem, directrice IME Marie-Auxiliatrice

Questions à Amal Chouitem, directrice de l’IME Marie-Auxiliatrice : « Un déconfinement progressif et à l’écoute des besoins des familles »

Lundi 11 mai 2020
Cette semaine, Vivre et devenir interroge les directeurs de ses établissements, notamment dans le champ du handicap enfants, pour savoir comment ils ont préparé la reprise progressive des activités dans leur établissement. Aujourd’hui, Amal Chouitem, directrice de l’IME Marie-Auxiliatrice, a la parole. L’institut médico-éducatif (IME) Marie-Auxiliatrice (Draveil, Essonne) accompagne 120 enfants en situation de handicap sévère.

1. Comment la période de confinement s’est passée chez vous ?

Amal Chouitem : Cette période de confinement a été intense, source d’inquiétudes et à la fois elle a été la preuve de notre capacité d’adaptation et de réactivité pour faire face à une crise sans précédent.

Dès les annonces du gouvernement concernant la fermeture des écoles et le confinement , nous n’avons pas eu d’autres choix que de fermer notre externat et assurer le retour possible des enfants de l’internat auprès de leur famille, pour les protéger d’un risque de contamination et limiter la propagation du virus au sein de notre établissement.

Pendant cette période de confinement, nous avons continué à accueillir 29 enfants à l’internat pour lesquels la santé était trop fragile ou pour lesquels, la situation familiale  ne permettait pas un retour au domicile (principalement des enfants qui relèvent de l’Aide Sociale à l’Enfance).

Très vite, nous avons dû faire face à des cas COVID-19 chez les enfants confinés dans l’établissement et chez des professionnels qui accompagnaient ces enfants.

2. Comment vous avez réagi quand les premiers cas de COVID-19 se sont déclarés au sein de l’établissement ?

AC : Afin de limiter la propagation de ce virus, nous avons créé des zones de confinement pour les cas COVID et formé les équipes au respect des règles d’hygiène pour lutter contre le virus.

Durant cette période, nous avons travaillé sans relâche pour obtenir du matériel de protection comme les masques, les sur-blouses, les tenues complètes qui sont devenues, très vite, des denrées rares. La réussite de ce combat tient principalement à l’appui de notre agence régionale de santé, des dons de mairies, de partenaires, d’entreprise et le soutien logistique de l’association Vivre et devenir.

3.Comment les familles ont été accompagnées à la maison ?

AC : Nous avons très vite pris conscience des difficultés que les familles pourraient rencontrer avec leurs enfants à domicile. Ainsi, nous avons développé une unité d’équipe mobile qui avait pour rôle d’intervenir au domicile auprès des familles qui le souhaitaient et d’assurer un accompagnement à distance pour les autres.

Cette unité mobile se développe jour après jour et son lancement a offert aux professionnels de l’établissement la possibilité de créer un nouveau service. En effet, ils n’avaient pas l’habitude d’assurer un accompagnement hors les murs et ils ont découvert les règles de fonctionnement. Leur intervention a permis de soulager des familles dont la situation était complexe mais également de maintenir un rythme des activités pour des enfants susceptibles de décompenser pendant cette période de confinement. Les instituteurs qui interviennent dans nos classes d’enseignement ont également proposés un suivi à distance aux familles à leur domicile

L’appui de la télémédecine, qui était déjà mise en place au sein de l’établissement, a permis de continuer le suivi médical mais également d’organiser des visioconférences entre les enfants confinés au sein de l’établissement et leur famille.

Le développement de visioconférences sur d’autres supports a également permis de rendre supportable l’éloignement des enfants restés à l’IME avec leurs parents.

Dès que le gouvernement a autorisé des visites, nous avons pu mettre en place une organisation pour que les parents puissent venir voir leurs enfants tout en leur assurant le respect des règles de sécurité et d’hygiène.

4. Comment vous avez accompagné vos professionnels dans cette période complexe ?

AC : Concernant les professionnels de l’établissement qui ont fait preuve d’un engagement sans faille auprès des enfants confinés, nous avons mis en place des groupes de paroles avec des psychologues afin qu’ils puissent bénéficier d’une écoute et gérer les angoisses face à cette crise sanitaire.

L’établissement a pu traverser cette épreuve grâce à la collaboration d’une équipe pluridisciplinaire (médecins, personnels soignants, éducatifs, de nettoyage, technique, administratif…) qui a su s’adapter à une organisation qui évoluait continuellement.

5. Comment vous organisez la période de déconfinement ?

AC : L’organisation du déconfinement repose sur un tryptique qui regroupe le sondage des parents pour collecter leur souhait concernant le retour de leurs enfants au sein de l’établissement, les ressources humaines dont nous disposons pour les accueillir et les moyens permettant d’assurer le respect des règles de sécurité et d’hygiène (distanciation, port du masque…).

Un premier retour aura lieu dès le 11 mai pour des enfants de l’internat qui sont dans une situation de grande fragilité physique, psychique ou sociale dans le respect du protocole sanitaire. Nous envisageons une deuxième vague de retour 15 jours après.

L’analyse de la situation nous a amenés à mettre en place un déconfinement progressif et qui sera adapté aux besoins des familles, aux réalités organisationnelles de l’établissement et à l’évolution de la pandémie.

6. Quel accompagnement pour les enfants qui restent encore chez eux ?

AC : Notre organisation actuelle ne nous permet pas pour le moment d’assurer la réouverture de l’externat.

Nous souhaitons renforcer les interventions des équipes mobiles qui vont continuer à assurer l’accompagnement des enfants restés à domicile. Cette équipe mobile va organiser des interventions au domicile des familles qui l’acceptent. Face à la pandémie, certaines familles ont peur de laisser des personnes étrangères à leur foyer rentrées chez eux.  Le nombre et la fréquence des interventions tiendront compte de la demande, afin de répondre au mieux aux besoins de soutien des  familles à leur domicile. Sur leur temps d’intervention, les professionnels proposeront des activités aux enfants avec la participation des parents qui le souhaitent.

Pour les familles qui ne souhaitent pas d’interventions à domicile, un accompagnement à distance pourra être réalisé par téléphone, visioconférence ou par mail en envoyant des supports (picto, exercices…).

La télémédecine continuera à être un outil essentiel pour le suivi médical des enfants qui sont restés chez eux.

7. Quels enseignements tirez-vous de cette période ?

AC : Cette période a été une grande aventure humaine source de solidarité et d’engagement. Dans les moments les plus critiques, des salariés d’établissements de notre association Vivre et devenir et des établissements d’autres organismes gestionnaires dont l’association Altérité sont venus en soutien pour assurer l’accompagnement des enfants confinés au sein de notre IME.

De nombreux partenaires et entreprises se sont mobilisés pour faire des dons de masques, solutions hydro-alcooliques, surblouses nécessaires pour assurer la sécurité des professionnels et des enfants accueillis.

Notre organisation a su s’adapter dans une situation d’urgence. L’ensemble des équipes pluridisciplinaires ont su faire preuve d’abnégation pour l’intérêt des enfants confinés chez nous et des enfants confinés à leur domicile. Je tiens vraiment à saluer l’engament des équipes,  la coopération des familles et cet élan de solidarité de nos partenaires. Et c’est, avec fierté, que je me dresse à leur côté pour mener ce combat.

Photos : Elisabeth de Charnacé