Les jeunes du Foyer Sainte Chrétienne rénovent le club de rugby grâce à un chantier solidaire

Comment permettre à des adolescents confiés à la protection de l’enfance de découvrir le monde professionnel tout en s’engageant dans des actions valorisantes et collectives ? 

Depuis 2024, le Foyer Sainte-Chrétienne d’Epernay (Marne, 51) apporte une réponse concrète à cette question en développant des projets de terrain, au croisement de l’insertion, de la citoyenneté et de la découverte du monde du travail.  

Du 7 au 10 avril 2025, sept jeunes âgés de 14 à 17 ans du Foyer Sainte-Chrétienne ont participé à un chantier solidaire au stade de rugby Paul Chandon, à Epernay. Encadrés par trois artisans peintres – dont l’un est également entraîneur au club – et deux professionnels du foyer, ils ont œuvré à la rénovation des vestiaires du club local de rugby.  

Cette immersion s’inscrit dans le projet d’établissement 2022-2026 de la Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS), rattachée au Foyer Sainte-Chrétienne. Son objectif principal est d’assurer aux jeunes un avenir professionnel stable, avec pour ambition qu’il n’y ait « zéro départ sans solution ». Ce choix vise à rendre l’insertion plus efficace grâce à des actions concrètes, notamment à travers le développement de parrainages socio-professionnels.  

Après une première expérience réussie en 2024, en faveur de l’Association Indépendante Marnaise d’Assistance aux Animaux (AIMAA) à Epernay, l’équipe a souhaité renforcer ses actions, en s’appuyant notamment sur les liens noués avec le club de rugby.  

Sandrine Louis, cheffe de service du Foyer Sainte-Chrétienne, revient sur l’origine du projet : « Grâce à un partenariat avec la Fédération Française de Rugby initié en 2023, une vingtaine de jeunes du foyer ont pu découvrir ce sport lors de séances d’initiation. Plusieurs d’entre eux, séduits par cette discipline, ont rejoint le club d’Épernay. Lorsque le besoin de rénover les vestiaires vétustes s’est fait sentir, l’idée d’un chantier solidaire est née naturellement, alliant travail manuel et esprit d’équipe » 

Construire un projet main dans la main avec les partenaires 

 Ce chantier est le fruit de la mobilisation de Sandrine Louis, de Romain Boulnouis, éducateur spécialisé, et de Sébastien Franquet, agent de maintenance au foyer depuis plus de 15 ans. Ensemble, ils ont élaboré un projet structuré et inclusif, avec l’appui d’Anthony Lecomte, un artisan peintre local. Enthousiaste, ce dernier s’est impliqué dès l’amont du projet, souhaitant mieux connaître l’établissement et les besoins des jeunes afin de mieux les accompagner.  

Le déroulé des journées a été défini avec lui : règles professionnelles pour débuter un chantier, organisation des espaces, hygiène, contraintes techniques, répartition des tâches et suivi de l’avancement des travaux… Ces échanges ont permis aux jeunes de se confronter aux exigences du monde professionnel tout en bénéficiant d’un accompagnement bienveillant. Ces différentes rencontres démontrent l’engagement de chacun dans la réussite du projet. 

 Le chantier a été financé grâce au soutien de l’association Talents & Partage, qui regroupe des salariés et des retraités du Groupe Société Générale. L’association a fait un don de 5 900 euros, qui a permis de couvrir l’achat du matériel, l’intervention d’un professionnel et les frais logistiques. 

Des profils variés, une même volonté de s’engager  

Les sept jeunes mobilisés ont rejoint le chantier sur la base du volontariat. Leur sélection s’est faite en lien avec les équipes éducatives, en fonction de leur motivation et de leurs disponibilités. « L’idée était aussi de cibler ceux qui pourraient vivre ce chantier comme un levier d’orientation ou de remobilisation », souligne Sandrine Louis.  

Des aménagements personnalisés ont été mis en place pour permettre à chacun de participer selon ses contraintes, comme pour une jeune maman, qui a pu concilier l’activité avec la garde de son enfant. L’enthousiasme s’est rapidement propagé. Au fil des semaines, plusieurs jeunes absents de cette édition ont exprimé leur souhait de rejoindre le prochain chantier. Cette dynamique a été encouragée, car chaque demande traduit une volonté d’engagement. 

« Au début, je n’étais pas très motivée. Mais, je suis finalement très fière d’avoir participé », confie Hélène, 17 ans, mère d’un petit garçon de 10 mois. « J’ai pu valoriser cette expérience dans mon CV et en parler lors de mon entretien à la mission locale ». 

Stylane, 14 ans, joueur assidu du club de rugby, a vu dans ce chantier une façon de s’investir pour une structure qui lui tient à cœur : « M’engager pour mon club, c’était important pour moi. Je suis content d’avoir participé ».  

Quatre jours de découvertes et de fierté  

 Durant ces quatre jours, les jeunes ont été impliqués dans toutes les étapes du chantier peinture : préparation du matériel, ponçage, sous-couche, peinture, nettoyage… Mais au-delà des gestes techniques, ils ont surtout acquis des compétences transversales : ponctualité, autodétermination, rigueur, autonomie, esprit d’équipe.  

Sarah, 15 ans, est repartie avec de nouvelles idées pour décorer sa chambre. Noé, 15 ans, y a vu une opportunité pour « tester sa posture professionnelle » avant ses stages. « Sur le plan personnel, ils ont pu mesurer leur capacité à tenir jusqu’au bout un projet et ont pu prendre conscience de l’importance du collectif », souligne Sandrine Louis.  Un match amical a clôturé la semaine, réunissant jeunes, éducateurs, peintres et entraîneurs dans un moment de convivialité. 

Un élan qui ne demande qu’à grandir  

 Au-delà de la rénovation matérielle, cette expérience a été un levier de motivation et de confiance en soi pour les jeunes. « Notre objectif, c’est d’amener chaque jeune à prendre conscience de ses capacités afin qu’il puisse révéler tout son potentiel humain et professionnel. Ils se découvrent parfois plus capables qu’ils ne l’imaginaient », souligne Sandrine Louis.  

Face au succès de cette action, l’équipe éducative envisage déjà un nouveau projet pour l’automne 2025 : un chantier intergénérationnel au sein d’un EPHAD. Si les contours de cette initiative sont encore en cours d’élaboration, l’intention est claire : contribuer au bien-être des résidents en imaginant des aménagements qui rendent leur cadre de vie plus chaleureux, apaisant et propice à l’échange.