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MAS Hors les murs les Iris : ouvrir le champ des possibles
Intégrée à la Maison d’accueil spécialisée (MAS) Les iris à Saint-Rémy-de-Provence, la MAS hors les murs est un dispositif innovant pour l’accompagnement des personnes en situation de handicap complexe, dites sans solution. De la guidance parentale au domicile à l’accueil séquentiel, pleins feux sur ce nouveau service.
Ruptures de parcours
Najjat, 62 ans est arrivée il y a 5 mois dans le dispositif de la MAS hors les murs à Saint-Rémy-de-Provence : elle attend une place à temps complet dans un établissement. Timothée, 35 ans, vit chez sa mère qui aimerait qu’il bénéficie d’un accueil de jour. Julie, 42 ans, porte le projet de vivre en autonomie, chez elle. Nathan, 20 ans : coupé du collectif depuis qu’il est sorti d’un Institut médico éducatif, il doit se réhabituer au vivre-ensemble avant de pouvoir envisager d’intégrer à nouveau un établissement. Et aussi Elyamine, Iliane, Benoît… Ils sont 7 aujourd’hui à participer aux activités proposées par la MAS hors les murs sur l’un des deux jours d’accueil du dispositif. Ils ont fini de déjeuner et se préparent pour aller marcher avec Émilie et Élodie, éducatrices spécialisées. Seule Julie, qui se déplace lentement, restera avec Virginie, monitrice éducatrice, pour jouer au UNO.
Gérer les situations complexes
Au pied des Alpilles, la MAS hors les murs a accueilli en février 2023 ses premiers bénéficiaires, des adultes en situation de handicap, avec principalement des troubles du spectre de l’autisme (TSA). Afin de les accompagner au plus près de leur lieu de vie, elle propose une offre d’accueil de jour et une équipe mobile composée d’une psychologue, de deux éducatrices spécialisées et d’une monitrice éducatrice. Outil intermédiaire à la MAS qui propose une institutionnalisation complète, « le hors les murs favorise les transitions en douceur pour les personnes en rupture de parcours, explique Matthieu Forgeat, son directeur. Il permet notamment d’envisager le domicile comme une alternative pertinente et sécurisante à un accueil en MAS. Ces dernières années, le nombre de situations complexes a augmenté, alors que nous n’avons que 62 places à la MAS. Il manquait un élément du parcours d’accompagnement et de vie de ces personnes. »
Un tremplin vers le mieux-vivre
Quatre professionnelles ont été recrutées à la création du dispositif, favorisant leur engagement et le travail d’équipe. Elles ont récemment été rejointes par une assistance sociale et une infirmière. L’équipe s’organise autour de 3 actions – le soutien aux aidants, le travail du parcours de la personne et les transitions, et le maintien à domicile –, et s’appuie sur 3 outils : l’accueil de jour, les visites à domicile et le groupe de parole. « Ce dispositif est un tremplin, précise Virginie. Nous offrons un espace alliant accueil de jour et visites à domicile, jusqu’à ce qu’on trouve une solution pérenne pour chaque personne suivie. »
2 jours par semaine
Chaque mardi et mercredi, les personnes sont accueillies de 9 h 30 à 15 h 30. Activités, repas, jeux …. la collectivité et la relation aux autres sont travaillées, tandis que la famille bénéficie d’un temps de répit. Chaque professionnelle suit une moyenne de 5 personnes, qu’elle rencontre aussi à domicile pour évaluer les comportements, proposer des outils de guidance, améliorer un quotidien parfois difficile… « Pour Gabriel, très dépendant, j’accompagne beaucoup les repas », raconte Élodie. Le parcours des personnes est discuté, entre autres, en réunion tous les jeudis matin, temps d’échange et de partage d’informations dans l’équipe.
Une palette de solutions
La durée d’accueil est de 6 mois, renouvelables une fois. Depuis l’ouverture du dispositif, de nombreuses solutions ont déjà été proposées pour améliorer les conditions de vie des personnes suivies, ainsi que celles de leurs aidants : du répit avec un accueil de jour temporaire, une orientation vers une résidence autonomie pour personnes handicapées vieillissantes, un suivi psychiatrique, la mise en place d’outils éducatifs à domicile (timer, semainier…), le maintien à domicile avec la coordination des différents partenaires (services à domicile, professionnels de santé, famille…), etc.
Une prise en charge sur mesure
Très flexible, la force de la MAS hors les murs est de s’adapter à chaque situation pour proposer des solutions au cas par cas. Grâce à un réseau de partenaires que l’équipe sollicite au quotidien (centres communaux d’action sociale (CCAS), Samsah, associations d’aide à domicile, foyers de vie, centres hospitaliers…), le dispositif est indépendant de la MAS Les Iris, tout en bénéficiant de son plateau technique (psychiatre, infirmiers…). « Notre travail est collectif pour construire une relation de confiance avec la famille et la personne, conclut Sylvain Mongrand, chef de service. La MAS hors les murs n’a pas fini de grandir : notre ambition est de développer les places, les aides aux aidants ainsi que l’accueil des personnes handicapées vieillissantes. » Le service vient de voir doubler le nombre de personnes suivies, passant de 15 à 27 personnes et de nouveaux professionnels ont été recrutés. Preuve en est que la MAS hors les murs offre de vraies solutions et dont la pertinence est reconnue par les financeurs.
Le groupe de parole
Tous les deux mois, le mercredi après-midi, le groupe de parole accueille les aidants de 13 h 30 à 15 h 30. Animés par la psychologue et une éducatrice spécialisée du dispositif hors les murs, ainsi que par un professionnel externe en fonction des thèmes traités (violence, stress, etc.), ces ateliers offrent un lieu d’échanges sur les difficultés rencontrées au quotidien par les familles.
Témoignages
« Ici, je peux avancer »
« Je viens à la MAS hors les murs depuis 6 mois, le mardi et le mercredi de 9 h 30 jusqu’à 15 h 30, raconte Julie, 41 ans, en foyer depuis 30 ans.
Hier, nous sommes allés pique-niquer devant une cascade. Il n’y pas longtemps, on a pris le train pour aller en Camargue. Ce que je fais ici me permet de me poser : je réfléchis où je vais aller vivre pour devenir plus autonome. »
« C’est une belle initiative de nous faire parler »
« Iliane était suivi en hôpital de jour, 3 fois par semaine, explique Serge, père de ce jeune homme de 20 ans. Quand la prise en charge s’est arrêtée, la MAS hors les murs a pris le relais en attendant de trouver une place pérenne à temps plein dans un établissement. Iliane aime bien venir ici, cela crée un lien, il a besoin de voir du monde. Je participe aussi au groupe de parole. C’est l’occasion d’exprimer ce que nous avons sur le cœur, sans jugement. »
« La MAS hors les murs, c’est une bouée de sauvetage »
« Timothée a été pris en charge à 6 ans à l’IME, puis à l’IMPRO, détaille Olympia, sa mère. Depuis 2018, il n’y a plus de suivi et c’est compliqué à la maison. Nous avons commencé à venir à la MAS hors les murs en juin 2023 : la référente de Timothée m’aide à accepter qu’il parte en séjour de répit. Il n’a jamais quitté la maison et cela m’angoisse. »
Fiche d’identité
Nom : Maison d’accueil spécialisée hors les murs
Date d’ouverture : février 2023
Lieu : Saint-Rémy-de-Provence (13) au sein du site de Saint-Paul de Mausole de Vivre et devenir
Résidents : 27 adultes (à partir de 18 ans) en situation de handicap présentant des troubles mentaux stabilisés, des troubles du spectre autistique, une déficience intellectuelle.
Âge moyen des personnes accompagnées : 23 ans
Profil des personnes accompagnées : 6 situations sortant d’un GOS (situations très compliquées), 3 amendements Creton (sorties IME au-delà de 18 ans), 6 situations à domicile / 50 % de trouble du spectre autistique, 20 % de trisomie, 20 % de déficience moyenne, 10 % maladies rares.
Moyenne de 9 visites à domicile par mois par professionnelle
Équipe : 8 collaboratrices (éducatrices spécialisées, monitrice éducatrice, infirmier, assistante sociale, psychologue, psychiatre…)