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Autorégulation : aider les enfants autistes à mieux comprendre leurs émotions
À la rentrée 2025, le collège Evariste Galois, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis, 93) accueillera un nouveau dispositif d’inclusion scolaire dédié aux élèves présentant des troubles du neurodéveloppement (TND). Porté par l’association Vivre et devenir et le Pôle autisme Seine-Saint-Denis, ce dispositif combine accompagnement individualisé, coopération interprofessionnelle et maintien dans le cadre scolaire ordinaire.
« On ne change pas l’élève, on change le contexte dans lequel il apprend », résume Claire, psychologue au SESSAD Denisien.
Répondre aux besoins concrets des élèves
Les élèves concernés présentent des difficultés liées à l’attention, à la régulation émotionnelle ou aux interactions sociales. S’ils suivent une scolarité ordinaire, certains ont besoin d’un cadre plus souple pour s’y sentir en confiance et avancer à leur rythme.
Nassim, enseignant coordinateur, affirme que « ce dispositif évite les décrochages invisibles ». Au collège Evariste Galois, il accompagne 3 à 10 collégiens âgés de 11 à 14 ans, en fonction des besoins.
Inspirée des pratiques canadiennes, l’autorégulation est la capacité d’un élève à reconnaître ses émotions, à repérer ce qui le déstabilise et à retrouver son équilibre pour rester engagé dans les apprentissages. Plutôt que de l’écarter dès qu’une difficulté survient, cette approche lui offre des repères concrets pour mieux se connaître et rester acteur de sa scolarité. Elle valorise les ressources de l’élève, tout en créant un cadre plus serein et inclusif.
« On n’attend pas que l’élève s’effondre pour intervenir. On l’aide à reconnaître les situations qui le mettent en tension, pour qu’il puisse y faire face sans quitter la classe », détaille Claire.
Former, coordonner et agir en équipe
Le projet est le fruit d’un partenariat entre le SESSAS Denisien, les équipes du collège et les professionnels de la santé mentale. Il s’inscrit dans une logique de continuité et de complémentarité avec les aides déjà existantes.
L’équipe se compose d’une enseignante, de trois éducateurs, et d’une psychologue présente une journée par semaine. Elle peut également faire appel, en fonction des besoins, à des professionnels paramédicaux : orthophoniste, ergothérapeute et psychomotricienne. Ensemble, ils identifient les besoins de chaque élève, construisent un accompagnement adapté et assurent un soutien dans la durée.
Les professionnels ont suivi une formation spécifique proposée par A + Autorégulation – un organisme pionner de cette méthode. Elle comprend six jours de formation répartis dans l’année et quinze jours de supervision annuelle pendant trois ans, afin que l’équipe puisse s’approprier durablement les principes de l’autorégulation et la connaissance des TND.
Adapter les espaces et les pratiques
Une salle d’autorégulation dédiée au sein du collège permettra d’accueillir les élèves en individuel ou en petit groupe. Aménagée sobrement pour ne pas créer un décalage d’équipement avec les lieux ordinaires de l’école, cette salle disposera d’un matériel adapté. « Elle n’est ni un lieu de retrait ni une classe. Elle est un espace de construction qui reste connecté au cadre scolaire. Chaque passage dans la salle est pensé comme un entraînement, pas comme une punition » insiste Nassim, enseignant coordinateur. L’objectif est donc que les élèves perçoivent cette salle comme un appui ponctuel, et soient motivés à retourner en classe.
Au-delà de ce lieu, le dispositif vise à faire évoluer l’environnement scolaire lui-même, en sensibilisant les équipes, les élèves et les familles. En effet, les familles pourront bénéficier de temps d’échange et de soutien, pour mieux comprendre les besoins de leur enfant et savoir comment l’aider à l’école comme à la maison.
« Ce dispositif part d’un principe fort : ce n’est pas à l’élève de s’adapter seul à l’école, c’est aussi à l’école de s’adapter à lui », souligne Claire.
Ce projet fédère de nombreux partenaires – familles, ARS, rectorat, collectivités locales – autour d’un objectif commun : favoriser une école plus inclusive, où la diversité des profils d’apprentissage est reconnue et valorisée. A terme, ce projet pourra bénéficier à tous les élèves en difficulté, qu’ils aient des troubles du neurodéveloppement ou non.